L’importance de vos choix alimentaires

Vos choix alimentaires peuvent contribuer à protéger notre environnement, à soutenir votre santé et à bâtir un meilleur avenir pour l’alimentation et l’agriculture.
Le problème
Une grande partie des aliments que nous consommons sont produits au cours des diverses étapes d’une longue chaîne d’un système mondial qui contribue à la crise climatique, introduit des toxines nocives dans notre environnement et prive les agriculteurs et les consommateurs du pouvoir de décision. Ce système alimentaire mondial est dominé par quelques grandes entreprises qui exercent leur emprise sur les marchés des semences, des pesticides et d’autres technologies, ainsi que sur une grande part de la distribution et de la vente des aliments dans nos localités.
La crise climatique
Notre système alimentaire mondial est à l’origine de 21 % à 37 % de toutes les émissions de gaz à effet de serre causées par les activités humaines[1], ce qui comprend les émissions provenant de la production alimentaire, ainsi que des pratiques connexes, telles que les changements d’affectation des terres comme le défrichement des forêts pour faire place à l’agriculture, la fabrication de pesticides et d’engrais, et les activités à forte intensité énergétique comme le chauffage des serres, ainsi que la transformation, l’emballage et le transport des aliments.
L’agriculture elle-même – qui produit des récoltes et des animaux – contribue dans une proportion d’environ 12 % aux émissions de gaz à effet de serre dues aux activités humaines[2], ce qui inclut les émissions d’oxyde nitreux des engrais et de méthane issu de l’élevage.
Cependant, les approches écologiques et régénératrices de la culture agroalimentaire peuvent réduire les émissions provenant de l’agriculture et protéger l’environnement. L’agriculture fait partie du problème, mais elle peut aussi faire largement partie de la solution.
Les produits chimiques toxiques
Les pesticides (herbicides, insecticides et fongicides) sont des produits chimiques ou des mélanges de substances chimiques conçus pour tuer les mauvaises herbes, les insectes et autres parasites et maladies qui peuvent nuire aux cultures vivrières ou les détruire. De nombreuses exploitations agricoles canadiennes dépendent de l’utilisation généralisée de pesticides synthétiques qui contaminent le sol, l’air et l’eau et peuvent avoir des effets néfastes sur la santé humaine et sur la biodiversité, notamment sur les insectes utiles tels que les pollinisateurs, ainsi que sur les oiseaux et la vie aquatique.

L’agriculture a recours à de grandes quantités d’engrais azotés qui libèrent de l’oxyde nitreux, un gaz à effet de serre dont la capacité de provoquer le réchauffement climatique est environ 300 fois plus grande que le CO2. Les eaux de ruissellement provenant de l’utilisation excessive d’engrais et de fumier polluent aussi couramment les écosystèmes aquatiques, entraînant la création de zones mortes dans l’eau où les poissons et autres organismes ne peuvent pas survivre[3].
Les pesticides synthétiques et les engrais chimiques sont tous deux des produits pétrochimiques, faits à partir de combustibles fossiles.
Domination des entreprises
Plus de la moitié des marchés mondiaux des semences et des pesticides est dominée par seulement quatre entreprises[4]. Ce haut niveau de concentration des entreprises se traduit par des prix plus élevés pour les agriculteurs, un choix limité et une diminution de la diversité des semences[5]. Ces grandes entreprises sont également les chefs de file mondiaux de la vente de semences génétiquement modifiées.
Notre système alimentaire mondial pousse les agriculteurs à cultiver sur de grandes superficies un nombre limité de produits, en d’autres mots, de faire de la « monoculture » qui dépend des produits des grandes entreprises comme les pesticides synthétiques et les engrais chimiques.
En Amérique du Nord et en Amérique du Sud, la plupart des cultures de maïs, de canola, de soja et de coton sont obtenues à partir de semences génétiquement modifiées et des herbicides qui leur sont associés[6].
En 2018, les agriculteurs canadiens ont consacré 94 % de leur revenu agricole brut à l’achat de ces produits d’entreprise et d’autres intrants agricoles[7].

BAYER est la plus grande entreprise de semences, la deuxième entreprise de pesticides et le plus grand vendeur de semences génétiquement modifiées au monde. Depuis sa fusion avec Monsanto en 2018, Bayer détient 22 % du marché mondial des semences et 18 % du marché mondial des pesticides[8].
La solution
Les pratiques agricoles écologiques permettent d’améliorer la santé des sols, de protéger les ressources en eau, de réduire l’utilisation de pesticides de synthèse et d’engrais chimiques, de limiter les émissions qui contribuent à la crise climatique et de favoriser la diversité des semences et la biodiversité à la ferme et en dehors de celle-ci. Ces pratiques reposent sur les connaissances des agriculteurs, les systèmes naturels et le travail humain, plutôt que sur des produits commerciaux. En d’autres mots, l’agriculture écologique repose sur la création de communautés et constitue un mode de vie[9].
L’agriculture biologique

Dans le monde entier, les agriculteurs biologiques ont recours à des pratiques qui respectent le bien-être des animaux et l’environnement, fondées sur les quatre principes de santé, d’écologie, d’équité et de précaution[10].
L’agriculture biologique est un ensemble de pratiques écologiques qui sont codifiées dans une norme régie par le gouvernement. Les fermes certifiées biologiques sont inspectées chaque année par des inspecteurs professionnels d’organismes de certification indépendants, qui s’assurent qu’elles respectent la Norme biologique canadienne.
La certification permet d’avoir l’assurance qu’à chaque étape, de la ferme à la table, les pratiques protègent et maintiennent l’intégrité biologique de la ferme.
Les agriculteurs certifiés biologiques n’utilisent pas les éléments suivants :
- des pesticides synthétiques ou les engrais chimiques;
- des semences et des aliments pour animaux génétiquement modifiés (organismes génétiquement modifiés ou OGM);
- des antibiotiques en usage courant ou des hormones pour stimuler la croissance;
- des boues d’épuration ou des déchets de l’agriculture industrielle dans leurs champs.
Rappelez-vous : L’alimentation biologique est un choix sans OGM.
Achats locaux
Lorsque vous achetez des aliments produits localement, vous réduisez les kilomètres parcourus par ces aliments pour vous atteindre. Cela se traduit par une diminution des émissions de gaz à effet de serre et une plus grande fraîcheur des aliments. De plus, l’achat d’aliments frais directement des agriculteurs locaux peut contribuer à réduire l’emballage et le gaspillage des aliments.
Les achats directs auprès des agriculteurs vous permettent de créer un lien avec les personnes qui cultivent vos aliments. Ils représentent également une façon de mettre plus d’argent dans les poches des agriculteurs et de maintenir un plus grand nombre d’agriculteurs en activité, à travailler sur les terres. C’est un aspect important, car le Canada perd de plus en plus de terres et d’exploitations agricoles (en particulier les petites et moyennes exploitations) en raison de l’augmentation de l’endettement des agriculteurs et de la hausse du coût des terres et des intrants. Les agriculteurs représentent moins de 2 % de la population canadienne, et leur moyenne d’âge est de 55 ans[11]; en outre, 30 % des agriculteurs travaillent 30 heures ou plus par semaine dans des emplois non agricoles, et 44 % accomplissent une forme ou une autre de travail non agricole pour compléter leur revenu.
Rappelez-vous : Les aliments locaux ne sont pas nécessairement biologiques, et les aliments biologiques ne sont pas nécessairement locaux. Surveillez les aliments locaux qui sont également issus de pratiques biologiques.
Marchands indépendants

Votre marchand d’alimentation local indépendant et les entreprises alimentaires locales peuvent être des éléments de la solution. Les petites entreprises ont souvent une plus grande souplesse qui leur permet de faire des achats d’aliments locaux et saisonniers, d’établir des relations avec les agriculteurs locaux et de réinvestir dans la collectivité.
Les marchands indépendants sont soumis à des pressions de plus en plus fortes dans un marché dominé par les grandes chaînes d’épicerie. Cinq grandes sociétés alimentaires, soit Loblaw, Sobeys/Safeway, Costco, Metro et Walmart, monopolisent 80 % des ventes au détail de produits alimentaires au Canada[12]. Ce que vous achetez et l’endroit où vous l’achetez sont deux aspects qui ont de l’importance.
Auteur:
- Groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat. 2019. Special Report: Climate Change and Land. https://www.ipcc.ch/report/srccl/
- Ibid.
- US Environmental Protection Agency (EPA). 2019. Nutrient Pollution. The Sources and Solutions: Agriculture. https://www.epa.gov/nutrientpollution/sources-and-solutions-agriculture
- RCAB. 2019. Corporate Control. https://rcab.ca/ogm/enjeux/corporate-control/
- RCAB et Vigilance OGM. 2016. Comments submitted to the Competition Bureau re: Bayer-Monsanto merger. 15 septembre. https://rcab.ca/ogm/enjeux/corporate-control/comments-submitted-to-the-competition-bureau/
- RCAB. 2015. Mais où sont donc les OGM? Enquête OGM. http://enqueteogm.ca/ou/
- Statistique Canada. 2019. Revenu agricole, 2018. https://www150.statcan.gc.ca/n1/daily-quotidien/190528/dq190528a-fra.htm
- RCAB. 2019. Corporate Control. https://rcab.ca/ogm/enjeux/corporate-control/
- Ecological Farmers Association of Ontario https://efao.ca/
- Shannon Jones, Four Principles of Organic Agriculture, The Canadian Organic Grower, April 2018. http://magazine.cog.ca/article/four-principles-organic-agriculture/
- Statistique Canada. 2017. Recensement de l’agriculture de 2016 https://www150.statcan.gc.ca/n1/daily-quotidien/170510/dq170510a-fra.htm
- CBC Radio. 2017. Bread-fixing: Investigation into at least 7 companies. The Current. Dec 21. https://www.cbc.ca/radio/thecurrent/the-current-for-december-21-2017-1.4458465/bread-price-fixing-investigation-into-at-least-7-companies-1.4458469